Michael Jordan, qui avait annoncé sa retraite sportive voilà un an après avoir offert aux Chicago Bulls un sixième titre en NBA, a repris en mains les Washington Wizards, actuellement en bas de classement, en tant que co-propriétaire de l'équipe.
Il a été clair sur le sujet, son but est bien sur de ramener un titre à Washington

JORDAN IS BACK

Cette fois Mike entame sa quatorzième saison, la deuxième sous le maillot des Washington Wizards. A l'aube de ses 40 ans, et malgrès un genou fragile, Jordan rempli encore les salles NBA à lui tout seul. Son temps de jeu est réduit, mais il compte jouer de plus en plus au cours de la saison. Pour ses premiers matches, il a quand même réussi à plusieurs reprise, à marquer plus de 20 points en 20 minutes de jeu. Les jeunes pousses ont encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir être comparer au maître.

« Il ne faut jamais sous-estimer Michael, même à 50 ans, il sera meilleur que la moitié des joueurs NBA. » A l'annonce du retour aux affaires de Michael Jordan, l'hommage au Maître est sorti tout naturellement de la bouche du MVP 2001, Allen Iverson.
Qui a dit que la nouvelle génération ne respectait personne? Cette déférence des jeunes loups de la Grande Ligue envers le vieux lion ne risque pas de se répéter dans les mois à venir. De tout cela, Jordan s'en moque. Ayant décidé de revenir en NBA après trois années en stand-by Sa Majesté a succombé au démon de la balle orange.
«Je reviens en tant que joueur pour l'amour du jeu » a annoncé Jordan. « Je ne reviens pas pour l'argent, ni pour la gloire, j'ai déjà connu tout cela. Je reviens pour le challenge. L'Amérique est un pays libre où tout individu a le droit de faire ce qu'il veuf. C'est tout ce que je veux faire, je veux juste essayer de jouer au basket-ball. »
On peut comprendre le désir de jouer du natif de Brooklyn, mais au regard de sa superbe carrière, toute l'Amérique du sport s'interroge sur le bien fondé de cette décision.

Avec les Chicago Bulls, Jordan a remporté six titres de champion NBA (en 1991,92, 93,96, 97 et 98). il a été élu cinq fois meilleur joueur du championnat, tout en cumulant dix sacres de meilleur marqueur de la ligue. Jordan s'était retiré après avoir inscrit le shoot du titre lors des Finales de 1998. Pourquoi gâcher une telle apothéose? Et surtout, pourquoi avoir attendu (gâché?) trois longues saisons avant de se décider?
«Quand je me suis retiré la dernière fois, je n'ai jamais dit que j'étais prêt à quitter le jeu «, a avoué ce dernier. «Je ressens encore une démangeaison et je ne veux pas ressentir cette gène jusqu'à la fin de ma vie.
Alors que cette démangeaison se faisait discrète depuis 1999, l'eczéma NBA a fait une furieuse réapparition à l'orée de l'année 2001. Le facteur déclenchant ayant pour nom... Marie Lemieux. Qui ça ? Sorte de Michael Jordan du hockey, toutes proportions gardées. Lemieux avait surpris tout son monde la saison dernière en revenant sur les patinoires de la NHL, trois années après avoir pris sa retraite. A l'instar de Jordan actionnaire au sein des Wizards, Lemieux était propriétaire de l'équipe des Pittsburgh Penguins au moment de son retour. Proche de Sa Majesté, le Canadien n'a pas arrêté, tout au long de la saison, de confier à Jordan tout le plaisir qu'il éprouvait à rechausser des patins. « En écoutant l'enthousiasme de Mario, j'ai fini par retrouver l'envie de jouer «, expliquait Jordan, qui a du revendre ses, actions des Wizards afin d'avoir l'autorisation de rejouer en NBA. «Tout est parti de là !
Au regard de la superbe saison de Marie Lemieux avec les Penguins. ces derniers n'ayant échoué qu'en demi-finales des
playoffs contres les New Jersey Devils, Michael Jordan a été conforté dans ses aspirations de come-back.
Cependant, là où Lemieux intégrait une solide équipe de Pittsburgh comptant dans ses rangs l'un des meilleurs joueurs du championnat en la personne de Jagomir Jagr, Jordan va devoir évaluer au sein des limités Washington Wlzards. Une dure réalité. Concrètement, cela signifie plus de Pippen et de Rodman. Plus dérangeant, le Maître Zen Phil Jackson officie désormais du côté de la côte Pacifique. chez les champions en titre, les Los Angeles Lakers. A Washington, Jordan va devoir composer avec les errances d'une équipe ayant concédé 63 défaites la saison dernière. Ses nouveaux coéquipiers sont inconnus de tous. Qui sont Richard Hamilton, Courtney Alexander, Jahidi White et Kwame Brown? Des joueurs pleins de potentiel certes, mais sans réelle expérience NBA. Un seul nom titille l'oreille des connaisseurs, celui de l'entraîneur Doug Collins. Et nous parlons là d'un coach incapable de remporter le titre NBA ou d'amener les Chicago Bulls aux NBA Finals, avec des joueurs du calibre de Jordan, Scottie Pippen et Horace Grant dans son équipe. Rassurant? Pas vraiment. Nullement naïf, Jordan a conscience des difficultés qu'il s'apprête à affronter.
«Je ne me lance pas dans cette aventure en pensant que je vais échouer », clame t-il. «Je sais que je n'ai plus 25 ans mois je sens que je peux encore jouer à un haut niveau. Je n'ai pas peur de l'échec, Si je peux arriver à jouer tant mieux sinon tant pis, ce sera tout de même bien. Et puis, personne ne peut me retirer mes six titres de champion et tout ce que j'ai accompli... D'après ce que vous dites (les journalistes), nous n'allons même pas remporter 30 matches. Et ça, c'est un challenge. Je ne dis pas que nous allons terminer la saison à 50-32, mais je pense que nous pouvons avoir un bien meilleur résultat que 19-63. »
Dans une conférence Est régénérée et affichant un niveau de jeu nettement plus élevé que l'an dernier, il ne sera pas facile d'atteindre les playoffs pour les troupes de Jordan. Une jeune équipe de Washington dont une bonne partie des cadres a été recrutée par MJ, alors qu'il occupait le poste de Président des opérations basket des Wizards. La relation que va établir le « Patron » avec ses joueurs sera déterminante pour la suite du championnat. La plupart des kids de Washington ont grandi en adorant Jordan, en accrochant des posters de lui dans leur chambre. Aujourd'hui, ils ont la chance de jouer avec lui. Le choc des générations promet des instants mémorables. «Je le regarde dans le bus et je me dis 'Man, c'est Michael Jordan’, » s’enthousiasme le pivot Brendan Haywood. « Après je suis dans l’avion assis à côté de lui et je ne peut m’empécher de le regarder avec admiration, c'est bizarre. » Connu pour son intransigeance et sa quête de perfection lorsqu’il évoluait à Chicago, Jordan va devoir tempérer son penchant pour les critiques. Il va lui falloir s’habituer aux affres de la défaite.
« Les Wizards vont être sous le choc en découvrant son éthique de travail et son professionnalisme », confesse un ancien coéquipier de Son Altesse, Jud Buechler.» Moi-même, je n'ai jamais rien vu de tel depuis. Il est difficile de dire ce qu'il va se passer. L'année dernière. il était le patron on dehors du terrain et il s'était énervé à plusieurs reprises auprès de ses joueurs, maintenant il est avec eux. J'espère que les jeunes vont réaliser la chance qu'ils ont de jouer avec lui. Quand j'étais un rookie, je me précipitais vers les vétérans pour avoir des conseils des meilleurs vétérans. Ils vont devoir faire de même et ne pas le lâcher une seconde, observer tous ses mouvements.»
Choisi à la première place de la dernière draft par Michael Jordan, Kwame Brown ne pouvait rêver d'un meilleur tutorat. Désireux d'infuser son savoir dans les neurones des jeunes apprentis basketteurs des Wizards, Jordan va grandement influencer l'avenir de ses « employés ». Le titre est hors de question pour MJ mais sa contribution au sein des Wizards peut avoir un impact dans toute la ligue.
« Aujourd'hui nous avons beaucoup de rebelles dans la ligue, mais Michael était aussi un rebelle à ses débuts », analyse Ray Allen. «il a donné le ton d'une nouvelle folie. d'une nouvelle mode et tout cela a été positif pour le jeu. Il a tout fait pour que le basket-ball soit reconnu à sa Juste valeur. Et les gens sont contents de voir ces valeurs revenir en NBA, cela va servir d'inspiration à beaucoup de jeunes.»
D'autres jeunes en quête de reconnaissance seront moins admiratifs, moins respectueux devant le savoir du Maître. Beaucoup d'observateurs se demandent comment les «vieilles jambes » de Jordan vont tenir le choc d'une longue saison comptant 82 matches et surtout comment il va composer devant l'incroyable densité athlétique des Carter, Bryant et McGrady. Certains aigris annoncent même de sérieuses bastonnades en perspective pour notre vétéran.
«Vous dites que les jeunes chiens vont me courir après. Mais je ne fuis personne ! Vous dites que Kobe Bryant et Tracy McGrady vont me battre. Et bien. je suis prêt à relever le challenge. Je sais de quoi je suis capable. Tous les joueurs sont motivés à l'idée de m'affronter, mais cela était déjà le cas avant que je ne prenne ma retraite. Donc rien n'a vraiment changé.» Une chose diffère cependant. Jordan est âgé de 38 ans. Dans un sport basé sur le défi athlétique. cette donnée a toute son importance. Autrefois le terrain de jeu attitré de MJ. la NBA a vu d'autres personnalités s'ériger en son absence. Vassaux dociles du temps de son règne, Kobe Bryant. Allen Iverson, Vince Carter, Tracy McGrady sont désormais des stars à part entière de la Ligue. Plus jeunes, plus hype, plus funky, ces derniers entendent bien faire mordre la poussière au vieux lion. « C'est une ligue différente ». affirme Dcc Rivers. coach d'Orlando et mentor des merveilles Tracy McGrady et Grant HiII.
Le changement était en marche quand Michael est parti, et maintenant, les stars du championnat ont totalement changé.
L'époque où les Reggie Miller, Tim Hardaway, Karl Malone, John Stockton et autre Gary Payton dominaient la ligue est révolue. Les derniers Playoffs avec les défaites au premier tour de places fortes comme Indiana, Miami, Utah et New York en ont apporté la preuve.
Objets ces dernières années des critiques perpétuelles de la presse, les nouvelles stars de la NBA voient le come-back de Jordan comme une véritable aubaine. L'occasion de s'affranchir de l'aura étouffante, du dieu Jordan. Certains comme Vince Carter et Kobe Bryant ont même été critiqués sans ménagement par Jordan.
Depuis trois ans, peu importe la qualité de leur jeu, à chaque fois, les jeunots se voyaient rappeler sans ménagement qu'ils n'étaient pas aussi bon que Jordan, qu'ils ne travaillaient pas aussi dur et n'étaient pas aussi concentrés.
Ultime affront, depuis le départ de Jordan la NBA a mauvaise mine, les salles se sont vidées et les taux d'audiences sont en baisse. Fait révélateur, les dernières NBA finals ont attiré 4 millions de spectateurs de moins que lors des Finals de 1998, les dernières disputées par Jordan. Une désertion des fans symbolisant une incapacités à reprendre le flambeau.
"Dans le passé, ces jeunes gars ont du combattre l'image infaillible de Michael Jordan, c'est dur", analyse le propriétaire des Dallas Mavericks, Mark Cuban. "Comment voulez vous battre quelqu'un qui ne joue même pas?"
Jordan est désormais là en cible désignée. Et tout les joueurs de la grande ligue ne rêvent que d'une chose, lui faire mordre la poussière.
"Cela va être difficile pour lui, je n'aimerai pas être à sa place", compatit le meneur des Houston Rockets, Steve Francis. A chaque match, pendant toute la saison, il va affronter un joueur surmotivivé à l'idée de le battre."
"Il y a trois ans, la plupart de ces joueurs avaient encore peur du maître, plus maintenant" renchérie l'ancien coach de Georgetown John Thompson. " La plupart de ces jeunes joueurs était encore des bébés quand Jordan est parti, maintenant ils sont habités par une confiance sans égale. J'attends avec impatience de voir comment Michael va se comporte. Une chose est sûre, vous n'allez pas lui marcher dessus facilement."
Les premières images des entraînements de Jordan nous ont permis de découvrir un joueur affuté physiquement, ayant effectué un gros travail en musculation et plutôt vif dans ses démarrages.. L'embonpoint et les joues rebondies aperçus lors du dernier All Star Game de Washington ont disparu.
"Il a fait de très belles passes et à chaque fois qu'un gars provoquait une faute et n'arrivait pas à conclure l'action, il ne se gênait pas pour lui faire une remarque. Tout en restant à chaque fois positif", analysait l'intérieur Popeye Jones à l'issus du premier practice." Et à la fin de l'entraînement je peut vous dire qu'à chaque fois qu'il délivrais une passe le gars marquait!"
" Michael joue comme un quaterback" renchérissait Doug Collins." Il explique à Kwaime Brown comment se placer et comment il faut jouer."
Affichant un bouc grisonnant, Jordan, qui va désormais évoluer au poste d'ailier meneur, se déclarait ravis par sa première prise de contacts avec ses employés." C'était amusant d'aller sur le parquet et de faire de nouveau ces exercices", avouait Jordan. " Certain était plus difficiles que d'autres, mais c'est vraiment la manière la plus rapide de retrouver la forme... Je réalise que ces joueurs sont jeunes et qu'ils vont apprendre. Ma patience sera grande. Je dois leur donner une chance de grandir."
Prometteur, il faudra toutefois attendre la mi-saison pour se faire une véritable idée du niveau de Jordan. Alors que ce training camp se tenait dans la petite université de North Carolina Wilmington, la folie inhérente au personnage Jordan a vu un total édifiant de 250 journalistes se faire accréditer ainsi qu'une foule de 3 000 personnes tenter d'accéder au gymnase. Une première pour les Wizards. Excitant, surprenant, le show Jordan ne fait que commencer.